En effet, élaborer une stratégie c’est prendre en compte des éléments d’information afin de trouver la réponse la plus judicieuse au problème donné. Une fois cela fait, le simple fait de vouloir la mettre en oeuvre devient une tactique.
Voici pourquoi nombre de dirigeants se voient congratulés d’avoir eu une stratégie super géniale alors qu’ils n’ont, en fait, que joué avec tact et d’une manière remarquablement appropriée et fluide aux conditions du moment.
Ce n’est qu’après la victoire remportée et sous une pression médiatique que leur mental s’emparera des éléments d’information et qu’ils élaboreront ensuite la pseudo stratégie qu’ils auraient suivi. Certains grands l’avouent.
En effet, qui peut dire aujourd’hui à la vitesse du monde actuel qu’il a su tout prévenir, calculer et embrayer dans l’action et cela sans changement jusqu’à la victoire finale ? Honnêtement personne, car même le plus gros cerveau du monde ne pourrait prévoir le futur dans 5 jours.
A la vitesse de la pensée, tout est possible mais la vitesse de l’action est tout autre. Seule une stratégie d’accumulation permet une tactique fulgurante.
Alors, sachez que toute stratégie se réalisera tactiquement et que toute tactique dévoilée par vos soins deviendra une stratégie aux oreilles de celui qui écoute.
En tant que dirigeant, et avec l’expérience qui vous caractérise, vous allez exprimer votre stratégie de telle manière que chacun de vos cadres la comprenne bien.
- D’abord, au cours d’une réunion de codir, vous allez donner une vision générale acceptable pour tous et suffisamment imprécise pour éviter des questions trop pointues.
- Puis, au vu de la différence inévitable dans l’interprétation de ce que vous avez dit, vous allez expliciter plus tard et individuellement à chacun d’entre eux votre vision de telle manière de désactiver les peurs de chacun et surtout d’amplifier ce qui les motivera le plus (c’est de la tactique à l’état pur).
- Chaque cadre, fort de la stratégie que vous lui aurez tactiquement bien vendu, ira tactiquement faire de même auprès de ses collaborateurs et ainsi de suite.
- Il en résultera que tous seront au courant globalement de la direction à suivre mais que chacun saura faire exactement ce qu’il faut faire fonction de son poste, de son expérience et de ses motivations personnelles.
Au final, chacun agira au mieux, aussi bien pour lui-même que pour son organisation. Tout le monde sera content car la performance finale rejaillira sur tous.
Or aujourd’hui, lors de mes visites en entreprise, une simple demande à quelques employés pris au hasard sur les objectifs de l’entreprise m’en dit plus long sur la qualité du management que tous les indicateurs, prospectus ou certification ISO que l’on me montrera.
Si un soldat sait s’il est archer, épéiste ou autre, c’est bien car il est important qu’il soit reconnu comme un professionnel dans son métier. Mais c’est très largement insuffisant pour gagner une bataille car s’il ne sait pas qui est véritablement son ennemi, où il va le trouver et pour quand la tâche doit être accomplie.
Il sera alors vulnérable à n’importe quelle attaque, réagira sur un mode défensif et ne comprendra pas vraiment ce qui lui arrive ! Incompréhension, panique, désarroi, sentiment de trahison le mèneront droit dans les rangs des démotivés avec la kyrielle d’actions assassines envers l’entreprise qui l’aura trahi !